Cadre
Flash Cadres N°801 : Un muguet coquelicot !
Alors que le prisme déformant des médias voudrait nous faire croire que le mouvement social se résume désormais aux samedis après-midi plus grenade que cerise, des luttes se renforcent aussi dans les entre-prises et administrations : grèves aux urgences pour dénoncer le man-que de moyens humains et les conditions dans lesquelles le service public de la santé est rendu, la réforme de la fonction publique contre laquelle un front unitaire propose de faire du jeudi 9 mai, une puissante journée d’action pour exprimer les propositions alternatives à la casse programmée du statut des personnels publics. Résumer ce processus à une addition de mécontentements pour viser la convergence des luttes, sans prise en compte des spécificités, risquerait d’affaiblir la nécessaire construction du rapport de forces.
Or, c’est ce rapport de forces que l’Ugict-CGT avec d’autres organisations de cadres avait contribué à créer, et qui a permis de gagner un vote du parlement européen le 16 avril dernier en faveur d’une directive concernant les lanceurs d’alerte. Ce sujet est emblématique de la place spécifique des cadres au moment où s’installe un débat sur l’allonge-ment du temps de travail, où s’annoncent des réformes régressives sur l’assurance chômage et les retraites et où le MEDEF « joue la montre » au sujet de la nécessaire négociation interprofessionnelle sur le statut de l’encadrement. Or le temps presse puisque certaines de nos entre-prises à l’instar de La Poste sont dans les starting-blocks !
A n’en pas douter, l’urgence est à la visibilité de nos revendications spécifiques sur l’ensemble des initiatives qui jalonnent ce printemps et à l’évidence, ce 1er mai constitue le prochain rendez-vous.
On n’oublie rien !
Le procès de France Télécom et de 7 anciens dirigeants, dont l’ancien PDG pour harcèlement institutionnalisé, se tiendra en mai 2019, presque dix ans après l’ouverture de l’instruction.
Beaucoup de victimes ont quitté l’entreprise, si certaines ont tourné la page, d’autres ont vu leur vie basculer, sans pouvoir se reconstruire. La direction de France Télécom/Orange n’a jamais voulu ouvrir de négociations sur les réparations individuelles ou collectives, niant tout préjudice. Souhaitons une condamnation exemplaire, pour que les dirigeants d’entreprises tentés par ces méthodes y réfléchis-sent à deux fois.
Une telle crise peut se produire ailleurs voire se reproduire, tant la financiarisation des entreprises pousse leurs dirigeants à accroître sans cesse la rentabilité à court terme et la productivité que les salariés paient au prix fort.
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Flash Cadres N°800 : La colère salariale monte
Alors qu’elles ont un positionnement central dans les organisations du travail, les professions intermédiaires sont souvent enfermées dans le « ni cadre, ni ouvriers » et privées de reconnaissance.
La colère salariale monte, voici quelques chiffres:
83 % (94 % dans la fonction publique) des professions intermédiaires interrogées estiment que les mesures annoncées ne vont pas améliorer leur pouvoir d’achat. 67 % des professions intermédiaires considèrent que leur rémunération est en décalage avec leur implication. 58 % des professions intermédiaires estiment que leur charge de travail a augmenté alors que 44 % des professions intermédiaires considèrent ne pas effectuer un travail de qualité.
Ce vécu est majoritaire dans le public. Pour 48 % des professions intermédiaires les pratiques managériales se sont détériorées. 68 % des professions intermédiaires estiment que les choix et pratiques de leur entreprise ou administration entrent en contradiction avec leur éthique professionnelle.
Ce sondage met en avant pour les professions intermédiaires: la peur du déclassement, l’absence de perspectives de carrière, un temps de travail qui explose et un management qui empêche de bien travailler. L’Ugict-CGT appelle le patronat et le gouvernement à augmenter les salaires, à reconnaître le travail et les qualifications. La réforme de la fonction publique doit permettre aux agents d’avoir les moyens de remplir leurs missions d’intérêt général et de retrouver le sens de leur travail .
Le lest n’est pas lâché
Face au mouvement social, le PDG d’Orange a promis de « lâcher du lest » car « on ne peut opposer le mur du système ». Pendant les négociations salariales, la direction nous l’a opposé, menaçant de relancer la Décision Unilatérale de 2018. Elle est passée du « lest » au « zeste », proposant moins qu’en 2018 et n’a pas voulu discuter du partage de la valeur ajoutée. Pour la 4ème fois en 5 ans Orange verse aux actionnaires plus que ses bénéfices nets, augmentant ainsi de 1,5 Mds la dette. La CGT, créant l’unité syndicale, a obtenu des avancées. Mais nous restons loin des attendus avec une moyenne à 1,75 % quand l’augmentation des minima de branche est à 2 % et que les cadres sous le Plafond de la Sécu perdent leurs points garantis de retraite. Nous affirmons la nécessité d’un 13ème mois et d’augmentations en rapport aux excellents résultats obtenus par notre professionnalisme .
Filouterie
Chez Orange, la consultation à laquelle les personnels sont invités à répondre et qui permettait à la direction d’afficher un climat social apaisé, n’a plus la cote chez les salarié.e.s.
Le baromètre social vire au gris. En effet, lors-que l’on demande l’avis des personnels, il faut mieux que les réponses soient à la hauteur des attentes. Or, dans son jusqu’au-boutisme à traquer les économies sur le dos des salarié.e.s, la direction qui s’est rendue compte de la désaffection des personnels pour ce type d’exercice parce que, in fine, rien ne changeait, a imaginé d’inclure le critère du baromètre social dans les objectifs des cadres. Conséquence: bien que tous les objectifs pour 2018 soient atteints, la part variable des cadres a baissé. Afin de solutionner cette question, la CGT propose que la direction écoute les syndicats !
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Flash Cadres N°799 : La lutte continue !
Alors qu’une confusion sémantique a annexé la scène médiatique, mêlant grand débat national et surtout monologue, un mouvement social multiforme s’ancre sur plusieurs terrains. Du pavé à l’atelier ou au bureau, des réseaux sociaux ou sur la toile, comment esquisser d’autres convergences que celles des mécontents ?
Ce serait oublier le sens des dates, la portée des initiatives, la force des propositions alternatives lorsqu’il s’agit de construire le rassemblement le plus large.
Citons pêle-mêle, les nombreuses initiatives et points de mobilisation le 8 mars appuyés par une large déclaration unitaire portant la question de l’égalité F/H à son niveau d’urgence sociale, une mobilisation citoyenne pour le climat les 15 et 16 mars, une journée nationale d’action interprofessionnelle réussie le 19 mars et ces jours-ci, ce sont les fonctionnaires, et parmi eux les agents originaires des DOM menacés de voir la fin des congés bonifiés, qui sont dans l’action. Les perspectives de nouvelles dates d’action sont à la hauteur des menaces sociales brandies par un gouvernement aux abois. Mais, lorsqu’en tant que cadres, nous sommes engagés au cœur du social, nous savons qu’il n’y a pas de place pour se laisser griser par des impressions de « grand soir » comme d’autres se berceraient à l’ombre de sondages fabriqués.
C’est bien l’échange argumentaire qui prédomine dans la communication de l’Ugict-CGT. Qu’il s’agisse de la négociation pour le statut de l’encadrement, et des retraites entre autres, la lecture et le débat resteront le préalable aux nombreuses actions dont l’Union Fédérale de Cadres CGT-Fapt sera le relais au cours de ce printemps.
Négo salariale, ça patine!
Le mot est faible puisque ces négociations salaria-les n’ont pas évoluées depuis le 5 mars, et que l’engagement budgétaire d’Orange reste inférieur à celui de la décision unilatérale de 2018. Les négociateurs, à l’initiative de la CGT, en appellent donc au PDG pour obtenir des avancées significatives. La volonté d’Orange de lâcher du lest pour les salariés doit être suivie d’effets autres que des effets d’annonces ! Pour les cadres ce serait 450 € annuels bruts d’augmentation minimale avec un budget de 1,6%. Orange affiche aujourd’hui 2,5% mais elle y inclue 0,9% de l’ARCQ, donc, in fine, les salariés d’Orange verront bien, pour la majorité d’entre eux, une baisse du pouvoir d’achat en 2019. Mobilisons-nous pour des augmentations collectives de haut niveau !
Orange et les CSE
L’ordonnance Macron (septembre 2017) impose la mise en place de Comités Sociaux et Economiques (CSE), dans les entreprises de plus de 11 salariés, avant le 1er janvier 2020. Les CSE entrainent la disparition des CE, CHSCT et des DP. Chez Orange, des négociations sont en cours, elles sont percutées par la volonté de la direction de fusionner les DO, passant ainsi de 9 à 5, cette réorganisation amplifie les périmètres et les conséquences négatives sur la proximité avec les personnels. L’ordonnance fait aussi état de représentants de proximité, pour la CGT ils doivent être en nombre et disposer de moyens! La direction veut élargir l’activité vers les services sur fond de décroissance des effectifs et d’une digitalisation poussée ce qui modifiera l’organisation de l’entre-prise. Dans ce contexte, c’est bien de plus de représentants du personnel dont l’entreprise a besoin!
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Flash Cadres N°798 : L’hiver est fini !
Faire l’éventail des mauvais coups sur le terrain social, c’est comme dans l’entreprise lorsque l’on regarde les propositions salariales lors des négociations annuelles obligatoires (NAO), chacun convient de l’absence de réelles réponses aux attentes collectives tout en cherchant comment s’y résoudre individuellement. Et l’exercice est le plus souvent cruel pour tous !
Mesurons, par exemple, les annonces telles que l’exonération de la taxe d’habitation, la négociation sur l’assurance chômage et celle sur le statut de l’encadrement, le déploiement des méthodes de management par le ratio économique, les retraites, les NAO…
Depuis plusieurs mois, gouvernement et patronat mènent, de concert, ce qui s’apparente à une véritable campagne de dénigrement médiatique à l’égard des cadres.
Est-ce que ce « cadre bashing » apporte de réelles réponses en termes d’amélioration des conditions de travail, de hausse des salaires, d’accès à des services publics de qualité et de proximité, de lutte contre le chômage ?
Pour notre Union Fédérale des Cadres CGT-Fapt c’est clairement NON, et les raisons de se mobiliser le 19 mars 2019, prochaine journée nationale unitaire et interprofessionnelle de grèves et de manifestations, ne manquent pas.
Gagnons une définition interprofessionnelle du statut de l’encadrement et une protection sociale (chômage et retraites) réellement solidaire, faisons entendre nos propositions alternatives sur la fonction publique et les services publics et enfin…faisons un peu de place au printemps !
Besoin de reconnaissance
Les managers d’Orange sont envoyés ‘au front’ pour mettre en oeuvre l’Accord Reconnaissance des Compétences et des Qualifications, sans en avoir le budget ni les marges de manœuvre nécessaires. Seulement 30 % des objectifs de l’accord (signé par CFDT, CFE/CGC et FO) ont ainsi été réalisés en plus de 2 ans… La CGT n’a pas signé cet accord axé sur la compétition entre les salariés, l’évaluation subjective de pseudo-compétences comme le « savoir être » et qui occulte les qualifications, les diplômes, le statut et l’expérience des salariés : une source de désaccords et de conflits entre salariés et managers devenus cautions d’un accord galvaudé. La CGT demande à la direction d’arrêter cela et de favoriser l’emploi et l’augmentation des salaires.
Augmentations au rabais
La négociation salariale doit porter sur le partage de la valeur ajoutée et sur la reconnaissance de « l’investissement et la ténacité des salariés qui se sont surpassé » encensés par F. Dulac. L’entreprise se porte si bien qu’elle peut augmenter les dividendes et verser 1,9 Mds € aux actionnaires empruntant et aggravant la dette, ce qui correspond à 20 000 € par salariés pris sur la part des salaires. S. Richard annonçait « qu’on lâche du lest. » Dans ce contexte favorable à la négociation, la CGT demandait le rattrapage de nos salaires cadres sous le plafond de la sécurité sociale, d’en faire notre minima à l’embauche et de satisfaire nos besoins d’augmentation de 6 %, suite à nos réponses à la consultation CGT, aux gains de productivité et aux efforts reconnus. Mais la Direction ne propose que des miettes avec 1,6 %. Pour peser sur les négociations, la mobilisation s’impose !
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Flash Cadres N°797 : L’égalité, toute une histoire !
Alexandra Kollontaï*, un nom aujourd’hui un peu oublié. Cette femme politique russe puis soviétique a pourtant beaucoup contribué aux nombreux dé-bats sur le féminisme engagés depuis le début du XXème siècle. Dans les années soixante-dix, au moment où le féminisme en France est au plus fort, ses textes sont publiés en français, presque introuvables à présent. Au hasard d’internet, mais aussi des bouquinistes, il est encore possible d’apprécier les multiples facettes de cette femme au destin exceptionnel. Décriée et adulée en son temps, c’est avant tout l’élégance de sa plume que retrouvera le lecteur.
Elle a participé à la première conférence de l’Internationale socialiste des femmes, le 17 août 1907, à Stuttgart (Allemagne). En 1910, son exil l’amène à accompagner la femme politique allemande Clara Zetkin (qu’elle aide à créer la Journée internationale pour les droits des femmes, le 8 mars) à la deuxième conférence qui se tient à Copenhague et se rend ensuite dans toute l’Europe occidentale, faisant connaissance avec les plus importantes figures du socialisme international, comme Karl Kautsky, Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht.
Proposer aujourd’hui de redécouvrir une « pionnière » du combat pour l’égalité, c’est se dire que le sens d’un cadeau pour toutes et tous, est de remettre en perspective les nombreuses initiatives organisées à l’occasion du 8 mars comme symboles d’un chemin encore long pour qu’une moitié de l’humanité incarne réellement son avenir.
* La Révolution, le féminisme, l’amour et la liberté d’Alexandra kollontaied. Le Temps des Cerises
La grande illusion de la reconnaissance
Le bilan de la mise en oeuvre de la décision unilatérale d’Orange en 2018, suite à l’absence d’accord salarial, a été fait. Le moins que l’on puisse en dire, c’est que si des cadres pouvaient croire dans la reconnaissance de l’entreprise, c’est la grande désillusion.
En effet 35% des cadres n’ont eu que 325 € d’augmentation individuelle, et 5% rien …
Concernant la reconnaissance, il y a eu 19,4% des cadres qui ont eu une mesure de reconnaissance (MEC, promos, mesures ARCQ), soit le même pourcentage que les années précédentes. Une reconnaissance meilleure avec l’ARCQ ? C’est tout vu !
Et Orange rémunère toujours 25% de ses cadres à moins de 40 k€ annuels bruts, soit environ 2 500 € nets mensuels pour des qualifications toujours plus fortes !
Battle Royale
Le projet de réorganisation des Directions Orange use d’une belle logorrhée visant à cacher l’absence d’arguments et les buts recherchés. « Pas d’impact sur les effectifs ».
Pourtant le rapport Syndex en dit long. On passe de 199 à 139 managers, la Direction en nomme 60 « experts » sans définir le terme, leur accompagne-ment ou ce qu’il adviendra de leurs équipes : 20 à 25 salariés par direction d’état-major devront se « recaser ». Le dossier stipule que la définition des DO et Direction Client « n’est pas définitive et reste à affiner ». Beaucoup d’incertitudes sur l’avenir des cadres concernés. Une seule certitude, ce n’est qu’une première étape !
La Direction cherche par tous les moyens à réduire la masse salariale, créant des situations dont les impacts psychologiques seront lourds de conséquences !